Lors d’un conflit social, comme celui qui mobilise les Français contre la réforme des retraites, l’accès à l’information est déterminant. Couverture biaisée des mouvements de grève et des manifestations, focalisation sur les discussions avec seulement deux syndicats, propos très majoritaires d’éditorialistes méprisant les grévistes: décryptage d’un phénomène médiatique par Salomé Saqué.
TF1, France 2: Comment les JT diabolisent les grévistes
Ce mardi 18 octobre 2022, se tenait la grève générale. Sur France 2 et TF1, on dressait un tableau bien sombre du mouvement social, qui est accusée de paralyser le pays et de bloquer des millions de Français. Devant 10 millions de téléspectateurs, les JT de 20h de TF1 et de France 2 usent de la même rhétorique : décrédibiliser les grévistes et plaindre les Français supposément victimes de la grève.
Alors que le mouvement de contestation a été plutôt suivi dans les raffineries, dans les centrales nucléaires et dans les transports, les grands JT s’obstinent à relayer les éléments de langage du gouvernement. L’impact de la grève sur les Français est démultiplié et condamné. Les usagers des transports sont plaints, les petits patrons érigés en martyrs. Les JT oublient de parler des grands patrons du CAC 40 et du gouvernement, qui s’apprête à passer en force sur le budget, en dégainant le 49-3.
A l’Assemblée nationale, Gabriel Attal a même refusé de réintégrer les yachts et les jets privés dans l’impôt sur la fortune immobilière, qui a remplacé l’ISF après sa suppression en 2017. Notre journaliste Thomas Dietrich décrypte ce discours médiatique présenté comme mainstream, mais qui donne au contraire un point de vue très biaisé sur la colère dans le pays.